Où rencontrer les réducteurs de têtes (Shuars), comment nous y sommes parvenus. Récit de notre expérience dans la forêt amazonienne équatorienne. Nous avons été accueilli à la porte de la civilisation Shuars, ancêtres des réducteurs de têtes, par l’expérimentation d’un tremblement de terre de 7.2 de magnitude. Cela annonçait clairement que notre première expérience dans la forêt amazonienne allait rester gravée dans notre mémoire à jamais.
Macas
Macas est une ville peu touristique, on était les seuls gringos de la place assurément durant notre séjour. Nous on aime ça, mais faut s'attendre à se faire dévisager, c'est normal. C'est une ville plutôt ordinaire mais je vous conseille vivement d'aller voir son parc aménagé brillamment avec un mirador exceptionnel, ''Mirador del Quilamo''. Nous avons aussi essayé drôlement un restaurant chinois (communément appelé là-bas les Chifas!) et aussi le cochon d'inde (cuy)... Selon moi c'est loin d'être délicieux, c'était la deuxième fois que j'en mangeais et je n'ai pas encore changé d'avis, mais c'est un plat typique dans les pays aux alentours (Pérou, Équateur et Bolivie).
On avait lu quelque part sur internet qu'on pouvait rencontrer les ancêtres des civilisations Shuars, ces fameux réducteurs de têtes... ce sujet nous fascinait et je ne pouvais pas passer à côté d'en connaître davantage. Le seul moyen d'y arriver, c'est le pouvoir de la communication, et on se met tout de suite au travail. On demande au gars de l'hôtel. Il nous réfère à un cousin (les latinos ont toujours un cousin qui travaille dans le domaine que tu cherches, c'est très drôle, et parfois très pratique!) qui a justement une agence touristique. Très serviable, il nous trouve exactement ce que l'on veut et même, change un peu son plan du tour pour nous accommoder! En plus, pour la modique somme de 50$, repas, 1 nuitée et activités inclus.
Je vous donne les coordonnées de notre guide et non de l'agence, en espérant qu'il vous répondra (coordonnées prises de sa carte d'affaires):
Danny Ayuy, tour guide : Tour a las cabanas ecologicas etza, Macas, Équateur
For Booking : ecologeetza@hotmail.com
Bon! Au moins vous aurez plus d'informations que moi, déjà. Aussi il nous a mentionné que l'argent qu'il fait avec ces tours vont directement pour payer les études de sa filles, donc en plus on fait une bonne action!
Étant donné qu'on était les seuls gringos de la place, comme je l'ai précisé, imaginez-vous qu'on se retrouve avec un tour privé de la forêt amazonienne et en prime, connaître les coutumes des Shuars!
Des têtes réduites ?
Les Shuars connaissaient la forêt amazonienne comme le fond de leur poche, ce qui les a avantagés sur les Espagnols et qui a maintenu sa culture vivante.
Les populations amazoniennes ne disposant pas d’écriture, leur culture est basée sur la transmission orale de leur histoire. Vous pouvez donc comprendre à quel point on s’est sentis choyés que Daniel, notre guide, nous la transmet. Et de l’autre côté, comment Daniel était heureux que je capte le tout sur la caméra pour transmettre sa tradition ensuite.
Aujourd’hui, la pratique des têtes réduites ne se pratique évidemment plus (et heureusement…) Mais pourquoi réduisaient-ils les têtes? C’était un rituel chamanique, pour s'emparer des forces et de l'esprit de leurs ennemis. Une fois vidée et désossée, la tête était desséchée à l’aide de cendres et de pierres chaudes, remplie de sable, cousue et remodelée. Elle servait ensuite, pendue au cou de son propriétaire, dans une cérémonie destinée à montrer aux ancêtres que la vengeance avait bien été accomplie.
La forêt amazonienne équatorienne
Daniel nous a appris quels arbres, plantes et insectes étaient les plus utiles autrefois pour ses ancêtres, tout en nous montrant quelques secrets de survie:
Des arbres qui saignent et qui offrent un onguent contre les coupures et piqûres; ingérée, sa sève rouge calme les maux de ventre. Un autre type d'arbre est utilisé pour son écorce pour faire des vêtements. Les plantes qui sont comestibles. Ici, cet arbre immense est un excellent moyen de communiquer sans alerter les bêtes sauvages... en frappant dessus avec un bâton, on peut indiquer à sa tribu que nous sommes perdus et attirer l'attention. Car en criant, les créatures carnivores avec le moindrement d'intelligence associerait ce bruit avec nourriture! En grattant avec un bâton sur l'écorce de cet autre arbre et avec l'aide d'une allumette (évidemment il nous explique que c'est un peu plus rapide maintenant d'utiliser des allumettes, après tout on est pas dans ''Survivor''!) on obtient un excellent carburant pour faire un feu. Daniel trouve une termitière accrochée sur l'écorce d'un arbre et commence à tracer la lettre E dedans. Nous pouvons donc les voir à l'oeuvre, c'est impressionnant. Les termites sont excellentes à donner à manger aux canards et étaient très utiles à la civilisation Shuars. Il nous affirme que la termitière sera reconstruite comme s'il n'avait rien fait avant la fin de l'après-midi... Il nous montre même un jeu typiquement Shuar, le jeu du colibri. Difficile à expliquer par écrit, je vous invite à regarder mon film gratuitement pour voir de quoi ça avait l'air (voir le lien à la fin).
C’était une promenade tout à fait mystérieuse, car notre hôte écoutait la forêt. Elle semblait le guider dans ce qu’il allait nous montrer ensuite, et nous nous sommes sentis envahis par cet écosystème incroyable. Nous sentions que ce n’était pas nous qui respirions la forêt... mais bien elle qui nous inhalait.
Satifaits de notre exploration à pieds, Daniel nous invite à faire un tour de bateau! On s'entend par bateau on veut dire des billots de bois attachés ensemble avec un cube de bois comme siège par dessus... Je lui demande, s'il y a des crocodiles ou alligators dans ces eaux-là, il nous dit bien calmement que oui.
Ok! Si le guide est calme, nous aussi alors...
La promenade sur la rivière
Le seul problème, c'est que nous ne pouvons pas être 4 sur le radeau. Daniel veut nous montrer une grotte avec des chauves-souris dedans. Il nous propose de nous amener Mike et moi d'abord, puis de revenir pour chercher Cameron puis venir nous rejoindre. (Le chou, le loup, la chèvre!) On accepte, ça semble assez simple comme solution. C'est effectivement plutôt smooth, et un peu plus loin, Daniel nous dépose Mike et moi dans la forêt amazonienne... seuls. Aye ! On aurait jamais cru être aussi nerveux que ça. Absolument rien ne se passait, pourtant... on attendait, regardait les plantes, on osait pas s'aventurer trop loin, au cas! C'était assez hallucinant de seulement regarder la nature qui nous entourait, parce que tu as l'impression que tout bouge! Je veux dire qu'il y a tellement d'insectes, de fourmis, etc., qu'inconsciemment, tu as l'impression que le sol en entier bouge sous tes pieds. D'ailleurs quand je me suis couchée le soir, je voyais encore le mouvement des insectes comme une légère vague, imprimé dans mon subconscient. Daniel et Cameron finissent enfin par arriver, c'était probablement les 10 minutes les plus longues de notre vie! On a bien fait de ne pas trop s'aventurer parce que quelques pas plus tard, Daniel nous montre une araignée extrêmement venimeuse! Le regard que Mike et moi on s'est fait en apprenant cela...
Vous pensiez sûrement qu'on avait fait le même principe pour revenir au camp en radeau, mais non! Vraiment pas stressé, ce gars-là!
Pour terminer la journée, une surprise nous attendait! Les filles de Daniel nous avait confectionné des bracelets avec des graines séchées de la taille d'un pois chiche rouge et noir, originellement retrouvés dans la forêt, suivant la tradition artistique Shuar. Puis, Daniel a sorti sa guitare et sa flûte de pan pour nous interpréter une chanson dans sa langue d'origine. Mais ce que nous avons découvert lors de notre séjour en réalité, c’est cette ouverture et cette générosité qu’on les équatoriens, leur gentillesse infinie. C’était incroyable d’entendre Daniel nous expliquer son lien étroit avec la terre mère, et à la fois de ressentir notre impuissance contre les forces de la nature… une aventure qui anime encore nos conversations et dont nous sommes loin d’oublier.
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